Le Mur de Berlin

Photo Catherine Gras

Après cinq ans à Berlin et près de trois ans à écrire sur cette ville, il est temps que je publie sur le Mur de Berlin, un mur qui a définit la ville durant près de trente ans et dont les traces restent encore visibles plus de trois décennies après sa chute et sa destruction quasi totale.

Je propose de traiter ici de la section du mur de Bernauer Strasse, dans le nord de la ville, un lieu qui permet de visualiser ce qu’était le Mur : un système constitué de différentes infrastructures qui en faisaient une frontière quasi infranchissable.

En 1945, les quatre nations alliées, USA, URSS, Royaume Unis et France, découpent l’Allemagne en quatre zones d’occupation, Berlin elle même faisant l’objet d’une répartition entre les quatre vainqueurs. Très rapidement, les alliés de la guerre vont devenir des ennemies et cela se manifeste plus particulièrement à Berlin où les soviétiques puis le régime de la RDA vont essayer de faire partir les alliés occidentaux pour récupérer la ville. En 1948 les soviétiques mettent en place un blocus complet de la ville, blocus qui échouera et renforcera le raccrochement de Berlin Ouest au monde occidental.

Un des lieux emblématiques du blocus sera l’aéroport de Tempelhof qu’on peut aujourd’hui visiter et sur lequel j’ai écrit un post : Berlin Tempelhof – un aéroport au cœur de la ville

Entre 1949, création des deux états, et 1961, le régime Est Allemand assiste à une grande vague de départs, en moyenne plus de 200 000 est allemands fuient chaque année vers l’Ouest, en majorité via Berlin où la frontière est difficile à garder. Le pays a 18 millions d’habitants et la moitié des départs sont des jeunes de moins de 25 ans. C’est une situation préoccupante pour le régime et Walter Ulbricht décide de fermer la frontière par un mur, il devra pour cela convaincre ses alliés soviétiques.

La préparation est minutieuse, le secret très bien gardé et dans la nuit du 13 août 1961 la première séparation physique est mise en place: barbelés, parpaings … avec 10 000 gardes armés. La tache est de grande ampleur, le mur a une longueur de 168km dont 43km entre les deux parties de la ville, le reste séparant Berlin Ouest du Brandenburg.

Ces premiers éléments du mur seront au fil du temps renforcés, remplacés jusqu’au dernier modèle de mur en 1975: des modules béton de 3,6 mètre de haut, couronnés par un élément arrondi qui rend encore plus compliqué son franchissement. C’est cette version, la quatrième génération du mur, qui a survécu à l’intérieur de la ville.

La particularité à Bernauer Strasse, c’est que la frontière laisse le trottoir et la rue à L’Ouest alors que les immeubles sont à l’Est. Dans les premières heures, les habitants vont sauter par les fenêtres avant que ces dernières soient murées puis que les immeubles soient rasés pour donner place au mur extérieur, la zone d’entre deux et le mur intérieur. Cette zone est aujourd’hui préservée, une grande pelouse a remplacé la “death zone”, le mur extérieur est par endroit intact et sinon reconstitué avec des piliers de fer.

Dans cette zone se trouve une église, elle sera finalement détruite par la RDA, une chapelle du souvenir a été reconstruite à son emplacement.

Dans l’entre deux murs on a aussi des tours de garde et il en reste une à Bernauer Strasse, un peu cachée quand on vient de la rue, entourée d’un espace vide qu’on peut apercevoir à travers les failles du mur d’enceinte.

Mais il ne suffit pas de construire un mur pour rendre la frontière étanche (ou presque), il faut aussi bloquer les passages sous terrains et notamment s’assurer que le système de transport (UBahn, SBahn) ne permet pas de sortir de Berlin Est. Conséquence, des gares vont être condamnées, les trains ne s’y arrêtant plus. C’est le cas de la NordBahnhof qui a été reconstruire et réouverte depuis la chute du Mur bien sur.

Une partie a été conservée en l’état et sert de petite salle d’exposition.

A partir de fin 1989 et la chute du mur, une polémique s’installe: faut il le détruire complètement ou le préserver ?

La réalité est que rapidement des morceaux entiers vont disparaître, on en retrouve d’ailleurs des éléments un peu partout dans le monde. La pression immobilière va elle aussi rapidement conduire à la reconstruction des zones très importantes que constituaient l’entre murs, la death zone. Le meilleure exemple est Potsdamer Platz qui a été le plus grand chantier d’Europe au début des années 2000.

Finalement quelques fragments vont être préservés, dont celui de Bernauer Strasse qui permet de bien se représenter la largeur du dispositif. Tout le long du mur, un marquage au sol a été fait ce qui permet de pouvoir en suivre le trajet malgré toutes les transformations urbaines.

Où trouver cette rue : https://maps.app.goo.gl/9jufoS6GUwMmPsDE8

Si cette période de l’histoire de Berlin vous intéresse particulièrement, je conseille de visualiser mon post sur la prison de la Stasi, la police secrète de la RDA : Visiter la prison de la Stasi à Berlin.

Je vous conseille également un post sur Check Point Bravo, le point de sortie de Berlin Ouest en voiture : Berlin Check point Bravo.

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